Rene Magritte est peintre belge a l’epoque surrealiste. La peinture de Magritte s'interroge sur sa propre nature, et sur l'action du peintre sur l'image. Pour lui, la peinture n'est jamais une representation d'un objet reel, mais l'action de la pensee du peintre sur cet objet. Il reflechit profondement sur les relations entre l’objet, l’image et sa representation. Dans notre etude, nous allons traiter, etape par etape, de son esthetique intermediatique, c’est-a-dire la methode picturale et la relation entre les mots et les images, et ensuite l’intermedialite entre la peinture et le roman. Par facilite et par habitude, l'art de Magritte est affuble de l'etiquette surrealiste. Magritte, en effet, s'est applique a contester, point par point, toutes les valeurs qui fondent la poetique surrealiste. Sa peinture aspire a s'epanouir en pleine lumiere. Rien ne l’agace autant que les exercices d’hermeneutiques appliques a ses tableaux. Il voit en eux l'exercice d'une positivite incompatible avec le ‘mystere’, la ‘poesie’, qui sont le seul authentique message de ses oeuvres. Il refuse de voir sa peinture reduite a une signification consciente ou inconsciente dont elle ne serait que l'illustration. Si Rene Magritte tient a distinguer sa methode de la demarche scientifique, ses commentateurs sont, par contre, unanimes pour deceler en elle un principe de rationalite. Malgre les diverses opinions des commentateurs, Magritte, obstinement, creuse des problematiques en nombres limites. Sa persistance dans la reprise de memes sujets suffit a marquer sa singularite dans le siecle. La peinture de Magritte apparait donc comme un inextricable tissu de contradictions. Elle joue des contraires, poursuit dans un meme mouvement des objectifs opposes. Aux images, conventionnellement, le registre des sensations, a l'ecriture, celui de l'intellection. Magritte retient les termes de cette equation; puis il les brouille, travaille a leur hybridation. <La trahison des images>(1926) est un des tableaux les plus celebre de Rene Magritte. Il a d’ailleurs developpe ce discours du rapport entre l’objet, son identification et sa representation dans plusieurs tableaux de 1928 a 1966, la serie commencant avec <la Cle des songes> et s'achevant sur une mise en abime de la trahison des images, <Les deux mysteres>. Bien des interpretations ont ete donnees a ces tableaux, notamment par Michel Foucault dans Ceci n'est pas une pipe (1973) ou il distingue clairement deux notions, ‘la ressemblance’ et ‘la similitude’. L'explication la plus evidente consiste a constater tout bonnement que l'image d'une pipe n'est effectivement pas une pipe, et que Magritte mobilise, par le paradoxe apparent contenu dans ces toiles, l'imagination et la reflexion du spectateur qui en tirera les conclusions qu'il souhaitera sur la question de la realite des choses en general. En 1975, sept ans apres la mort de Rene Magritte, Alain Robbe-Grillet publie un ‘roman’ intitule La Belle Captive, titre d’une serie de six tableaux de Rene Magritte. Aucune histoire coherente ne se construit dans ce roman. Il y a un narrateur dont l’identite est floue : plusieurs romans sont entremeles. Apparemment, on a toutes les raisons de penser que La Belle Captive represente un livre d’art qui commente les tableaux de Magritte. Mais nous constatons que des liens assez complexes et contradictoires se nouent entre les deux artistes. Nous avons donc essaye de lire le meme roman avec trois differentes methodes et de reveler les significations des tableaux de Magritte qui jouent un role significatif dans ce roman.