Le statue babylonien appelé ‘keroub,' le boeuf ailé d'un poème de G. Apollinaire, et le Minotaure dans quelques eaux- fortes et le Guernica de P. Picasso, qu'est-ce qu'ils indiquent communément? Cette question constitue le point de départ de cet article, qui a pour but de faire un dessin du nouvel homme. Pour atteindre le but, nous avons examiné les Notes d'un souterrain de F.M. Dostoevsky, Qui n'a pas son Minotaure? de M. Yourcenar, et certains essais et un livre de G. Deleuze sur la philosophie de F. Nietzsche. C'est à cet égard que notre article est aussi une recherche de la convergence entre la littérature et la philosophie.
En analysant le petit roman de F. M. Dostoevsky, nous avons confirmé que l'homme du souterrain était un modèle de l'homme dialectique. Il cherche continuellement quelqu'un à humilier, il ne cesse de se mesurer aux autres. Par conséquent, véritablement malade d'être conscient, de posséder une conscience, il se débat dans l'enfer psychologique, dont la scène lugubre tient à la dialectique du Maître et de l'Esclave et en même temps à la lutte pour la reconnaissance. Bien entendu, l'écrivain fait penser à une sortie ou quelque chose d'anti-hegellien, mais le héros manque une chance d'en s'échapper, laquelle lui vient à l'occasion de la rencotre contingent avec la fille de joie nommée Liza. L'homme du souterrain ne franchisse pas le seuil de la conception dialectique de l'homme, où “un homme intelligent ne sera jamais quelqu'un, que seuls les imbéciles y arrivent.”
Dans la pièce de théâtre de M. Yourcenar, écrite dans les années 30, mais “de nouveau révisée et partiellement réécrite” en 1944 et 1957, nous avons constaté la même thématique sur notre problématique de la ‘hominiscence.' Comme l'homme du souterrain, Thésée échoue à l'assimilation du véritable Minotaure, qui apparaît, chez Ariane abandonnée, sous les traits du dieu Bacchus. Quant à Ariane, elle aime au départ Thésée, qui souhaite sans cesse être[devenir] un héros [un homme supérieur], mais enfin elle est embrassée dans les bras du Minotaure-Bachus, en soulageant des fardeaux qui pèse sa vie. Comme le dieu Bacchus dit à Ariane, “ce n’est pas la première fois que l’homme me fait à son image.” La leçon de la pièce est donc évidente: on a son Minotaure, et il s'agit de rencontrer quel Minotaure, puisque en ce qui concerne le sens que chacun grave au fond de sa propre vie, il dépend de la rencontre avec le Minotaure. M. Yourcenar y suggère que le Minotaure est à la fois Bachus[Dionysos] et la vie même.
Cette équation que M. Yourcenar propose par allusion entre le Minotaure, Dionysos, et la vie, et ‘quelque chose de belle et noble' que l'homme pressent grâce aux deux rencontres avec Liza, nous pouvons les vérifier avec plus de clarté chez G. Deleuze, en particulier ses textes sur la philosophie de F. Nietzsche. Ainsi l'homme du souterrain et Thésée peuvent être considérés comme ‘l'homme supérieur' selon F. Nietzsche, qui affirme en apparence la vie mais rend sa vie lourde en se chargeant des fardeaux; leur affirmation est en fait ‘un fantôme d'affirmation' et leur vie est taché du ressentiment, de la mauvaise conscience, et de la responsabilité; ils ne regardent les autres qu'à partir de la relation dominant-dominé ou méprisant-méprisé. Selon G. Deleuze, le surhomme est l'enfant de l'union ou mariage d'Arian et de Dionysos; c'est pourquoi que l'enfant qui joue est l'unique image du surhomme. Au reste, en tenir en compte les trois éléments qui définit le surhomme, à savoir ‘une nouvelle manière de sentir,' ‘une nouvelle manière de penser' et ‘une manière d'évaluer,' nous avons trouvé sur la base de l'affirmation pure la trinité surhomme-volonté de puissance-retour éternelle, laquelle correspond l'autre trinité rire- danse-jeu. Le monde où cette trinité-là soit réalisé, c'est un monde virtuel et transcendantal mais réel de l'intensité-différence-retour éternel. Sans faire l'expérience de ce monde que le surhomme réalise d'une façon extrême et parfaite, ni l'affirmation pure ni la création des nouvelles valeurs non plus n'est possible.
Mais il est très difficile de suivre le chemin vers le surhomme, dans la mesure où nous sommes trop imbibés de conception dialectique de l'homme et notre société est codée de façon à ne pas échapper à cette conception. La seule solution que G. Deleuze nous en propose, c'est le partage de la décodage, laquelle est souvent illustré par les artistes comme F. Kafka et les penseurs comme F. Nietzsche. Seule cette solidarité nous aiderait à éloigner autant que possible la chasse aveugle des valeurs établies et à nous efforcer vers l'affiramtion pure de la vie et vers la création des nouvelles valeurs.