Cet article est consacré à l'analyse des stratégies discursives de N. Sarkozy pour obtenir le report des voix des électeurs du Front National entre les deux tours lors des élections présidentielles françaises en 2012. Pour le cadre d'analyse, nous avons repris les deux fonctions -fonction de confirmation et fonction d'agrégation- que J.M. Cotteret a élaborées dans ses analyses politiques. La fonction de confirmation consiste à renforcer ou rassurer l'opinion des partisans spécifiques. Le candidat tente de consolider leurs soutiens en (re)confirmant le programme politique dont ceux-ci souhaitent entendre parler. La fonction d'agrégation cherche à persuader les indifférents, les hésitants en dehors de l'électorat déjà supposé acquis. Le candidat tente ainsi d'ouvrir son discours pour rassembler les soutiens d’un électorat le plus large possible. Le FN a enregistré, au premier tour, plus de 6 millions de voix, soit 17,90% de suffrages exprimés. Le report des voix des électeurs du FN devient l'enjeu politique au deuxième tour. Vu que Sarkozy est devancé de plus de 10% dans les sondages par le candidat socialiste et que le FN est plus proche de l'UMP que du PS dans l'échiquier politique, le report des voix des électeurs du FN devient primordial pour la victoire de N. Sarkozy. Les stratégies discursives que N. Sarkozy déploie dans ses discours– le clip, <Des paroles et des actes>, <Face à Face>- mettent en avant la fonction de confirmation pour séduire les électeurs du FN. Dans le clip, le Président sortant tente de se rallier leur opinion en déclarant légitime une politique d'austérité à propos de l’immigration. La souplesse référentielle du pronom personnel "nous" contribue avec succès à consolider la sympathie entre le candidat UMP et les électeurs du FN. Dans les débats télévisés, Sarkozy tente de conquérir le coeur de ces électeurs en exprimant sa compréhension vis-à-vis de l’exaspération qu’ils pourraient ressentir, et en jouant ainsi sur des cordes émotives afin de les envelopper dans une communauté de sentiments. L'effort de N. Sarkozy porte ses fruits. Le pourcentage du report des voix pour le candidat UMP monte de 44% à 55% parmi les électeurs du FN entre les deux tours. A la différence des sondages dans lesquels l’écart se creusait jusqu’à peu près 10%, le résultat final se révèle serré entre Hollande(51.62%) et Sarkozy(48.33%). Nous pouvons en conclure que, bien que celui-ci n'ait pas été élu Président, la mise en avant de la fonction de confirmation de N. Sarkozy dans ses discours a été une stratégie discursive efficace, étant donné qu'il a réussi à émouvoir les indécis parmi les électeurs du FN en sa faveur pendant une courte durée.